La bonne madame de Caveyre regardait tout cela avec son beau sourire indulgent, et, après avoir mangé quelques babas et avalé trois ou quatre flûtes, elle allait tranquillement se reposer, en recommandant qu’on ne veillât pas trop tard. À l’autre bout de l’atelier était un établi de menuisier avec des scies, des rabots, des ciseaux accrochés au mur et, à côté, un tour. D’autres fois, par une belle nuit étoilée, on franchissait une brèche du mur de séparation, et on allait dans le « Bois vert », sorte de petit pourpris planté d’yeuses et de lauriers, se promener et deviser deux à deux. Lorsqu’il songeait aux déchirements angoisseux de la séparation, à ces promesses réciproques d’un amour éternel, à ces adieux mouillés de larmes, à ces étreintes désespérées, et qu’il se retrouvait, à trois semaines de distance, déjà rasséréné, il s’étonnait de cette accalmie subite de son cœur et de ses sens.