Il est difficile de croire que des endroits comme celui-ci existent encore.
Pas parce qu’ils sont impossibles à trouver.
Mais parce qu’on nous a appris à attendre tout le contraire.
On pense que “plage italienne” signifie rangées infinies de parasols. Des foules bruyantes. Une enceinte Bluetooth diffusant du reggaeton à trois serviettes de distance. Un café à 7 € dans un gobelet en plastique.
Et puis vous arrivez à Menfi, sur la côte sud-ouest oubliée de la Sicile… et tout change.
Je suis descendu sur la plage de Le Solette, chaussures à la main et sandwich dans l’autre.
Pas de guichet. Pas de rangées de parasols. Pas de sécurité pour vous dire où vous installer.
Juste du sable doux et doré à perte de vue. La mer devant moi passait du turquoise pâle à l’indigo profond, comme dans un rêve. Derrière, des collines sauvages et des oliveraies intactes s’étendaient à l’intérieur des terres.
Le plus incroyable ?
Pas un seul bâtiment à l’horizon.
Le littoral de Menfi n’est pas un endroit dans lequel on tombe par hasard. C’est un lieu que l’on choisit.
Et si vous le faites — voici ce que vous trouverez :
Des plages labellisées Pavillon Bleu depuis près de 20 ans
Des sentiers à pieds nus sur les promontoires parfumés au romarin sauvage
Des villages de pêcheurs comme Porto Palo, où les fruits de mer vont directement de l’eau à votre assiette
Aucun hôtel en hauteur. Aucun panneau publicitaire. Aucun chaos.
J’ai séjourné juste à l’extérieur de Menfi dans une villa simple appelée Villa Melograno. Vue sur la mer depuis le jardin. Une brise constante. Et des températures début juin autour de 25 °C qui faisaient croire à la haute saison.
Oubliez les circuits de pâtes TikTok et la glace hors de prix.
Voici la vraie cuisine sicilienne. Fraîche comme au marché. Cultivée dans un sol volcanique. Récoltée à la main.
Au marché du mercredi à Menfi, j’ai rempli mon sac de tomates qui sentaient le soleil. Poivrons, aubergines, fromages salés, charcuteries. Je n’ai pas planifié de repas — j’ai juste acheté ce qui avait l’air bon et j’ai construit mes dîners autour.
J’ai même goûté une huile d’olive pressée quelques heures plus tôt, issue d’arbres ayant vu 250 ans de levers de soleil. Ravidà, l’un des meilleurs producteurs de Sicile, propose des dégustations et des cours de cuisine. Mais si vous voulez encore plus d’authenticité ?
Participez à la récolte familiale d’olives au Casale Abate. Vous restez le week-end. Vous cueillez les olives à la main. Vous les pressez en huile. Et vous dégustez du pain chaud trempé dans l’or liquide le plus vert et le plus frais que vous ayez jamais goûté.
250 € pour quatre personnes. Moins qu’une bouteille de vin dans un beach club de Positano.
Ces 20 dernières années, la région de Menfi est passée de la production de vin en vrac de faible qualité à 40 % des exportations étiquetées de Sicile.
Les locaux l’appellent désormais Menfishire — ou le “Chianti sicilien”.
Nous avons visité Mandrarossa, un domaine viticole avec terrasse panoramique sur la mer, pour une dégustation à 30 €. Je pense encore à leur Nero d’Avola 2023. Prune, poivre, puissant. Inoubliable.
Nous avons évité la foule d’Agrigente pour aller à Selinunte — une cité grecque du VIIe siècle à seulement 20 minutes de Menfi.
Elle possède cinq temples, les ruines de maisons et de marchés, et une acropole au sommet d’une colline avec une vue si vaste qu’on en oublie de prendre des photos. Juste regarder. Respirer. Se sentir petit — dans le bon sens.
Vous marcherez des heures sans croiser âme qui vive. Peut-être juste Poséidon. Ou au moins son temple.
Parce qu’en ce moment, tout le monde regarde au mauvais endroit sur la carte.
Ils s’entassent à Amalfi.
Ils essaient de prendre la même photo à Cinque Terre.
Ils paient trois fois plus pour dix fois moins.
Pendant ce temps, des endroits comme Menfi restent sous le radar. Encore abordables. Encore magiques. Encore humains.
Mais cela ne durera pas éternellement.
Alors — serez-vous celui qui le découvre en premier…
ou celui qui l’entend d’un autre ?
Enregistrez ceci.
Partagez-le avec quelqu’un qui a besoin d’évasion.
Et quand vous y allez ? Ne le dites pas à trop de monde.
Gardons ce petit coin de Sicile tel qu’il est — baigné de soleil, caressé par les vagues, et inoubliable.